Partir pour une grande croisière à la voile est un rêve partagé par de nombreux navigateurs. Que vous visiez une transatlantique, un tour du monde ou un cabotage au long cours dans les mers du Sud, la liberté promise par la navigation hauturière exige une rigueur administrative bien réelle. Papiers du bateau, assurances, formalités douanières, visas, équipement obligatoire : voici un tour d’horizon des démarches indispensables avant de larguer les amarres.
Cet article a été rédigé avec les conseils de Victor Taburiaux, spécialiste des rallyes chez Grand Large Services, qui accompagne les navigateurs dans la préparation de leurs formalités autour du monde.
Les documents de base : préparer son bateau et son équipage
L’immatriculation du voilier
Le premier document à obtenir est l’acte d’immatriculation du bateau. Pour les pavillons français, il s’agit de l’acte de francisation, qui prouve que le bateau est enregistré en France. Cette pièce est systématiquement demandée lors de l’entrée dans un nouveau territoire, en conformité avec la réglementation maritime applicable.
Attention pour les réglementations en mer, si vous naviguez sous pavillon non européen : certains pays exigent des justificatifs supplémentaires, voire une traduction officielle de la « boat registration ». Il est conseillé de vous informer bien en amont des exigences locales liées à la législation maritime.

Passeports et visas
Chaque membre d’équipage doit disposer d’un passeport en cours de validité, idéalement valable au moins six mois après la date d’entrée dans un nouveau pays. La plupart des visas peuvent aujourd’hui être obtenus en ligne, via des plateformes comme eVisa, mais certaines destinations (Australie, Indonésie, Afrique australe) imposent des procédures plus complexes, conformément aux règles de navigation et d’immigration.
Assurance santé et rapatriement
Certaines autorités peuvent refuser l’entrée sur leur territoire en l’absence d’assurance santé ou de couverture rapatriement valide. C’est notamment le cas en Nouvelle-Zélande ou dans certaines îles du Pacifique. Vérifiez bien que votre contrat est adapté aux zones visitées et aux conditions de navigation, et respecte les prescriptions réglementaires en vigueur.
Assurances bateau : un contrat à adapter à votre itinéraire
Informer son assureur dès l’achat du bateau
Dès l’acquisition de votre voilier, il est fortement recommandé de contacter les assureurs spécialisés dans la grande croisière. Certains contrats standards ne couvrent que les eaux européennes ou excluent certaines périodes comme la saison cyclonique (juin à novembre dans l’Atlantique nord).
Un assureur sérieux vous demandera un itinéraire détaillé avec des dates précises, une liste d’équipage avec les compétences nautiques de chacun, ainsi qu’un inventaire complet des équipements de sécurité embarqués, en conformité avec la réglementation en mer.
Bien choisir son assurance
Parmi les assureurs recommandés par les navigateurs de grandes croisières, figurent LVCA, Desarnaud Yachting et Pantaenius. Chaque contrat doit être examiné en détail : certaines zones comme les régions polaires, le golfe d’Aden ou certaines côtes africaines ne sont pas couvertes par défaut. Il peut être nécessaire de souscrire des extensions spécifiques, souvent coûteuses, pour naviguer en toute légalité et sécurité. La transparence de votre projet de navigation est d’autant plus essentielle pour respecter les règles applicables à ces zones sensibles.
Formalités douanières et immigration : chaque pays a ses règles

Clearance d’entrée et de sortie
Chaque fois que vous entrez dans un nouveau pays, vous devez effectuer une autorisation dite, clearance d’entrée. Celle-ci inclut généralement une déclaration aux douanes, à l’immigration et parfois à la police sanitaire. Les documents à présenter sont : les passeports de l’équipage, les papiers du bateau, la preuve d’assurance, et la clearance de sortie du dernier pays visité. À la sortie, une nouvelle clearance est demandée. Ces démarches doivent être répétées à chaque escale internationale, qu’elle soit dans les Caraïbes, le Pacifique ou ailleurs, en respect des règles maritimes internationales.
Il est essentiel de connaître à l’avance son itinéraire avec les dates approximatives de départ et d’arrivée dans chaque pays. Cela facilite grandement les démarches, tant pour les autorités que pour les assurances.
Cas particuliers et pays exigeants
Certaines destinations sont connues pour la complexité de leurs formalités d’entrée. Pour les réglementations en mer en Nouvelle-Zélande, les contrôles sanitaires sont stricts et les règles de biosécurité très encadrées. L’Australie inspecte systématiquement les coques et peut placer en quarantaine vivres et animaux. L’Indonésie impose de nombreux formulaires, souvent fastidieux à remplir, tandis que l’Afrique du Sud vérifie en détail l’importation temporaire du bateau.
Heureusement, de plus en plus de pays proposent des pré-déclarations en ligne, via des plateformes comme SailClear ou eSeaClear, ce qui fait gagner un temps précieux à l’arrivée.
Règlementations en mer et environnement : à ne pas prendre à la légère
Équipements de sécurité obligatoires
En navigation hauturière, certains équipements sont non seulement indispensables pour la sécurité, mais aussi exigés par les autorités. Voici les plus importants :
- Balise de détresse (EPIRB) enregistrée au nom du bateau
- Radeau de survie conforme au nombre de personnes à bord
- Extincteurs, pompes de cale, ligne de vie
- VHF fixe et portable, fusées de détresse
- Bouée de sauvetage, feu à retournement
Certaines administrations inspectent les équipements de sécurité à l’entrée du pays pour s’assurer que le bateau est apte à naviguer, conformément à la réglementation en mer locale.
Zones sensibles : glaces, piraterie et réserves marines
Certaines régions du globe sont soumises à des règles particulièrement strictes. Naviguer en zones polaires, par exemple, implique une assurance spécifique et un matériel renforcé pour affronter le froid et l’isolement. Dans l’océan Indien, le golfe d’Aden et plusieurs côtes africaines sont jugés à haut risque en raison de la piraterie : beaucoup d’assureurs excluent ces zones par défaut.
Les réglementations en mer du côté environnemental, certaines réserves marines interdisent le mouillage ou restreignent fortement les activités comme la pêche ou la plongée. Le mouillage y est parfois limité à des bouées fixes, et la présence nocturne peut être prohibée. Enfin, des pays comme la Nouvelle-Zélande ou l’Australie appliquent des contrôles drastiques pour éviter l’introduction d’espèces invasives : inspection des coques, interdiction d’importer certains produits frais, voire désinfection des systèmes de bord peuvent être exigés.

Navigation encadrée ou indépendante : quelles différences pratiques ?
Participer à un rallye comme le GLY World Odyssey permet de simplifier considérablement toutes ces démarches. Les organisateurs collectent à l’avance les papiers de chaque bateau et de chaque équipier. Ils coordonnent l’arrivée des douaniers et des autorités locales à la marina, ce qui évite les files d’attente et les erreurs de déclaration.
À l’inverse, en navigation indépendante, il revient au skipper de tout gérer : trouver les bons formulaires, les bons bureaux, les horaires d’ouverture, et bien souvent, faire appel à des agents locaux payants pour accélérer les procédures.
À retenir : les erreurs administratives les plus courantes
🔹 Ne pas anticiper les formalités (assurance, visa, biosécurité)
🔹 Oublier le pavillon de courtoisie à hisser dès l’entrée dans les eaux territoriales
🔹 Déclarer incomplètement les vivres, l’alcool ou les équipements sensibles
🔹 Croire que l’on peut “négocier” avec les douaniers : honnêteté et transparence sont la règle
🔹 Ignorer les règlements environnementaux (mouillage, déchets, espèces protégées)
Des ressources utiles pour bien s’informer
Pour suivre l’évolution des règlementations en mer dans chaque pays et bénéficier des retours d’expérience de la communauté nautique, plusieurs plateformes sont incontournables : Noonsite, Navily et NoForeignLand permettent d’anticiper les démarches administratives, les zones réglementées et les conditions d’entrée. Les systèmes de déclaration en ligne comme SailClear facilitent aussi la gestion des formalités douanières dans certaines zones comme les Caraïbes anglophones.
En grande croisière, une bonne préparation administrative est la clé d’un voyage fluide et sans tracas. C’est en anticipant ces démarches que l’on gagne le droit de vivre pleinement l’aventure, en toute liberté.
Vous souhaitez naviguer en toute conformité avec les réglementations maritimes ?
Que ce soit pour constituer votre pharmacie de bord, comprendre les obligations liées aux zones de navigation que vous traversez, ou vous entourer des bons partenaires de navigation, une bonne préparation est essentielle.
Notre équipe vous accompagne pour sécuriser tous les aspects réglementaires et administratifs de votre projet de grande croisière.
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